Conseil d’un adulte débutant à l’ado de 15 ans qui voulait apprendre le piano

La plus grande difficulté d’être un adulte débutant au piano n’est peut être pas celle qu’on entend le plus souvent. Elle n’est pas forcément liée à la diminution de nos capacités malgré la croyance répandue.

Après quelques cours de piano un peu ratés, à 15 ans, j’étais fatalement convaincue que les gens autour de moi avaient raison: 

  1. Préjugé #1: que le piano il fallait le commencer très tôt et il était donc déjà trop tard pour moi (voir à propos de l’age)
  2. Préjugé #2: que pour jouer d’un instrument il fallait un “don innée”, du “talent innée” (voir aussi à propos du talent).

Et ainsi le doute insidieux que je n’avais peut être pas ce qu’il fallait ne me lâchait pas d’un pouce. 

J’ai donc attendu encore 20 ans de plus avant d’envoyer balader les croyances qui m’avaient empêchée d’apprendre juste pour le plaisir d’apprendre et de m’exprimer de façon créative.

Voici ce que j’en retiens si je devais revenir en arrière…

Si j’avais un conseil à donner à l’ado que j’étais à 15 ans et qui voulait apprendre le piano…

« Accroche-toi à ton envie d’apprendre! N’ai pas peur de ta propre peur du jugement des autres. Dans quelques années tu verras quel plaisir d’avoir persévéré. Et tu auras déjà toutes ces années de pratique de piano derrière toi!” 

Je ne suis plus une ado, loin de là, et j’ai fait des études d’ingénieur depuis. Puis, j’ai travaillé pendant plus de 15 ans dans le développement logiciel pour des grands groupes.

Mais qu’à cela ne tienne, je me suis quand même lancée dans cette aventure musicale. Très prudemment au début, et avec de plus en plus de conviction et determination par la suite. 

Ma deuxième chance est venue à travers une rencontre décisive. Et je me suis enfin lancée dans l’apprentissage du piano. Voir Croire en notre capacité musicale.

Par la suite, j’ai rencontré dans mon parcours des élèves de tous horizons. Parmi eux certains ont attendu encore plus longtemps que moi. Puis, à un moment donné ils ont enfin réussi à se libérer aussi des chaines de la peur du jugement ou de l’échec. Et ils se sont décidées à apprendre où à reprendre enfin assidument le piano ou un autre instrument de musique.

Il y a aussi les personnes qui ne se sentent toujours pas libres de franchir le pas. Même si l’idée leur trotte dans l’esprit depuis une éternité.

Je suis toujours apprenti pianiste en train de rattraper le temps perdu, mais je suis motivée et ça donne du charme à l’aventure. Et surtout ça me permet de garder le cap dans les situations de doute qui ne manquent pas. 

S’en vont-t-ils un jour ces fameux doutes? Je ne pense pas. Donc, dans le doute je préfère continuer à faire avec, les respecter en leur demandant de coopérer avec leurs copines: les envies de progresser…

De la difficulté d’être débutant et adulte

Quand un enfant débute au piano nous trouvons ça naturellement mignon et plein d’avenir. D’un adulte nous attendons peut être inconsciemment que sa dextérité soit en accord avec son âge. Comme c’est le cas pour l’acquisition du langage ou de la lecture.

Dans mon cas, j’ai toujours trouvé pénible d’accepter de montrer que je suis apprentie… que je ne maitrise pas encore… que j’ai un (long) chemin à parcourir. C’est presqu’un supplice d’avoir l’impression d’échouer devant les autres.

Parce que j’ai commencé adulte, c’est vrai, mais pas seulement. Il y avait aussi la croyance que je devais réussir du premier coup ce qu’on me demandait de faire. Que ce soit un exercice ou un geste à refaire au piano, et c’était la panique. Je pensais devoir jouer sans aucune faute pour me sentir « légitime ».

Inconsciemment je suis souvent happée par le besoin de montrer ma légitimité dans la musique. Sans doute, à cause des histoires sur le fameux talent innée dont je parlais au tout début. 

Ce qui m’aide souvent à surmonter les difficultés

1-Les mots appropriés et la sagesse de certains profs

Parfois des mots d’inspiration viennent à ma rescousse par different moyens, lorsque les doutes refont surface et se bagarrent avec mesdemoiselles les envies d’apprendre.

Voici quelques exemples de ces moments où des mots sont arrivées quand j’en avais besoin:

  • J’ai eu la chance d’avoir un prof de piano brésilien qui nous a dit un jour en cours collectif qu’il s’agissait d’un problème recurrent que les élèves se montrent pas très motivés pou refaire les exercices proposés en cours. Il avait donc décidé de communiquer  de façon plus explicite que: « le but des exercices techniques n’est pas forcément de les réussir, et surtout pas du premier coup, le but ultime est de s’entraîner à les faire pour pouvoir progresser. Donc si vous voulez progresser plus vite, faites et refaites les exercices quelque soit le résultat ».
  • Il y a aussi parfois quelques profs qui naturellement informent les élèves qui rencontrent une difficulté particulière, qu’il s’agit bel et bien d’une difficulté classique souvent rencontrée par la majorité des apprentis. Ils vous disent alors: « je te rassure tu n’es pas la seule à avoir du mal avec ça, je dis la même chose souvent à presque tous mes élèves, c’est très classique; on sait qu’il faut beaucoup le travailler ».

Et tout d’un coup la pression baisse, vous n’êtes pas un cas à part et désespéré. Vous êtes tout simplement en train d’apprendre et vous devez franchir des étapes.

2-Les témoignages et le partage de connaissances sur internet

Sur internet j’ai aussi trouvé des informations me permettant de prendre du recul et de décider des actions à mettre en place sur un point précis. Voici par exemple ce qui m’est arrivé une fois:

A la fin de ma première année en école de Jazz  un prof avait mis en commentaire sur le bulletin d’évaluation: « Elle joue de façon vraiment très crispée ». Il n’était pas prof de piano mais guitariste et il animait un de nos ateliers, donc probablement qu’il n’aurait pas su comment m’aider plus que ça.

Je n’ai pas su tout de suite quoi faire de ce commentaire; ça avait l’air grave pourtant. Mon premier prof de piano m’avait déjà parlé du besoin de détendre les épaules et les poignets, mais je ne savais pas comment y arriver.

Quelque temps après le commentaire sur mon bulletin je lisais des articles sur internet qui confirmaient que, surtout au début, les apprentis pianistes ont tendance à crisper les mains, le poignets, les bras, voire les épaules.

Encore une fois, quel soulagement de savoir que je n’étais pas du tout un cas isolé…

C’était juste un peu normal.

C’est presque risible, mais ça doit être humain cette tendance à croire que seulement chez nous que ça ne tourne pas rond… n’est-ce pas? ou alors c’est moi qui suis comme ça? petit doute encore? ha!ha! incroyable ;p

3-Des séances selon la Méthode Alexander

J’ai ensuite décidé de prendre rdv pour une séance de méthode Alexander, sorte de séance de kiné/réeducation pour musiciens (mais pas seulement). S’il s’agissait d’un problème connu, cette crispation, alors les solutions devaient être aussi connues de quelqu’un dans le domaine.

J’y ai effectivement trouvé des réponses sous la forme d’exercices à faire avant de me mettre au piano.

Ce que j’ai le plus apprécié était de pouvoir expérimenter dans mon corps la façon de faire l’exercice pour corriger un problème donné.

Tous les mots entendus auparavant ne m’avaient pas permis de comprendre ce qu’i fallait faire. Là, ça devenait concret et presque évident.

Une citation pour se jeter à l’eau

« Ayez ceci présent à l’esprit : pour retrouver sa créativité, il faut avoir la volonté d’accepter d’être un mauvais artiste. Donnez-vous la permission d’être un débutant. En acceptant d’être un mauvais artiste, vous avez une chance de devenir un artiste et, peut-être avec du temps, un très bon artiste. Quand je traite ce point en cours, je rencontre immédiatement une hostilité défensive : « Mais savez-vous quel âge j’aurai quand je saurai vraiment jouer du piano/peindre/écrire une pièce de théâtre décente ? Oui … vous aurez le même âge que si vous ne le faites pas. »

-Extrait du livre « Libérez votre créativité » de Julia Cameron

Je trouve que c’est plein de bon sens et ça secoue un peu le cocotier (dans le bon sens).

Même si, je vous rassure, j’y travaille encore à cette histoire d’acceptation de mon niveau. De plus en plus j’arrive à prendre du plaisir à partager la musique avec ce que je suis et le niveau que j’ai à l’instant où ça se passe.

Questions et feedback

Si vous vous êtes lancé dans une nouvelle discipline artistique, quelles sont les principales difficultés que vous avez eu a affronter?

Et si vous hésitez encore à vous lancer dans l’apprentissage du piano ou de tout autre discipline similaire:

  • qu’est-ce qui vous retient et vous fait encore hésiter ?
  • à votre avis, qu’est ce qui pourrait vous donner le courage et la motivation suffisante pour commencer?

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