Parce que je le veux bien!
« Peu importe votre âge ou votre cheminement personnel, que l’art soit pour vous carrière, passe-temps ou rêve ; il n’est ni trop tard, ni trop égoïste, ni trop prétentieux, ni trop bête de travailler sur votre créativité. » – Julia Cameron, « Libérez votre créativité »
Avant que je ne décide de me jeter à l’eau, le milieu dans lequel j’avais toujours évolué me semblait réticent à l’idée de payer des cours particuliers pour quoique ce soit.
Ma famille d’origine, mes camarades de classe en école d’ingénieur, plus tard mes collègues de bureau, ainsi que mes amis et autres connaissances semblaient pour la plupart considérer qu’il s’agissait d’une dépense non justifiée, inutile, presque inconsidérée !
Avec le recul ça parait presque risible. Je connais maintenant toutes ces personnes qui autour de moi prennent de cours particuliers de tout et n’importe quoi: de chant, de musique, de peinture, de photo puis qui participent à des stages même pour apprendre la mécanique et la restauration de motos anciennes. Ma vision a changé et mon entourage en est devenu le reflet ? comment savoir…
Il y a encore quelque petites semaines je racontais à celle qui est comme ma mère qu’un de mes fils m’avait annoncé que cette année il voulait apprendre le violon. Sa première réaction était de me demander catastrophée: « oh-là-là! mais c’est très couteux, non? ». Il faut dire à sa décharge qu’elle habite un pays où la crise frôle la catastrophe humanitaire. Le Venezuela ne vit pas ses meilleurs jours, malheureusement.
Mais, à vrai dire j’avais déjà fait le tour de la question au cas où il fallait rassurer mes beaux parents, qui eux habitent pourtant l’Auvergne. C’est assez curieux. J’avais déjà donc toutes les réponses en main.
Le conservatoire municipal a des tarifs plutôt accessibles à l’année incluant solfège et cours d’instrument. La location d’un violon est possible à partir de 13 euros par mois chez un luthier… et coup de bol, le conservatoire peut même prêter l’instrument à l’année, gratuitement, vous avez juste à payer l’option l’assurance instrument si ce n’est pas déjà inclus dans votre assurance habitation.
Bref, je vous dis tout ça et vous voyez bien que je cherche les arguments qui vont me permettre de justifier, de rassurer, d’expliquer…
Même si on a la possibilité de se payer ces fameux cours particuliers pour démarrer et/ou continuer… il se peut qu’on soit inconsciemment influencé par la vision de notre entourage, ce qui peut engendrer une espèce de culpabilité à dépenser l’argent de « cette façon-là ».
Pour ceux qui hésitent à investir dans l’apprentissage d’un instrument de musique ou tout autre activité loisir
Réfléchissez bien, ne vous laissez pas gagner par la conviction extérieure que vous ne valez pas ce prix là…. aujourd’hui je me dis qu’il n’y a pas plus beau moyen de dépenser l’argent qu’on gagne, quand on peut se le permettre, qu’en investissant sur soi. Et, cultiver un de ses propres talents créatifs est un investissement sur soi.
Comme diraient peut-être les américains, il s’agit d’investir dans ses rêves pour devenir quelqu’un de plus épanoui, et éviter les regrets plus tard.
La persistance de ces demoiselles les envies créatives
Après ma première mésaventure à 15 ans, j’étais convaincue qu’il n’y avait rien à faire dans mon cas et que je n’étais pas faite pour apprendre le piano (les croyances ont souvent la peau dure, avez-vous remarqué?).
Comme le jour où un prof de chant qui avait était embauché pour animer une chorale dans le lycée où je faisais mes études est venu pour la première fois, et on nous a demandé de descendre dans le gymnase afin de le rencontrer.
Nous attendions en rang à l’intérieur du gymnase. Le prof nous faisait passer une par une, et nous demandait de chanter quelques phrases après quoi il indiquait de quel côté de la salle il fallait se ranger.
J’ai rejoint le groupe à gauche de la salle, loin de prof et du deuxième groupe derrière lui. Quand il eut fini avec toutes les filles présentes, il nous parla enfin. Il expliqua que les personnes dans le groupe derrière lui pouvaient rejoindre la chorale si elle le souhaitaient, apparemment elles pouvaient chanter. Y en avait même une à qui il avait dit, avec le regard de celui qui a rencontré une perle rare, qu’elle avait une voix d’ange, même si elle ne chantait « pas encore » très juste.
Je n’étais visiblement pas dans le bon groupe. Et pourtant je voulais apprendre à chanter. Mais d’où enfin me venaient toutes ces envies de choses qui me semblaient difficiles ? Je me le demande encore aujourd’hui.
Mais si la justesse au chant peut se travailler, pourquoi n’en serait-il pas de même pour le simple fait d’apprendre à chanter ou à jouer d’un instrument ? C’est sûr que pour un prof c’est beaucoup plus facile quand l’élève a déjà intégré une certaine aisance…
Un cours d’essai gratuit et hop! j’ai démarré l’apprentissage de la musique
Un jour, lorsque j’avais dépassé la barre des 35 ans, le hasard m’amena à lire une affiche sur la devanture d’une boutique tout près de chez moi, au rez-de-chaussée d’un immeuble de l’avenue de la République à Montrouge.
Il y était écrit sur fond blanc en caractères d’imprimerie: cours individuels de guitare, cuatro, mandoline, chant, initiation au piano. Cours d’essai gratuit.
J’étais interpellée par le fait que le « cuatro » soit proposé dans la liste. J’avais mon cuatro vénézuélien chez moi depuis une bonne vingtaine d’années stocké dans une armoire, en attendant le jour où je pourrais en faire quelque chose.
J’avais commencé à apprendre autour de mes 18 ans avec un ami qui savait jouer, puis j’ai déménagé pour continuer mes études à Toulouse et on ne s’est plus revu. J’avais essayé de continuer toute seule sans trop de succès. A l’époque, j’étais devenue étudiante en école d’ingénieur dans les années 90, et on commençait à peine à avoir accès à internet, mais on n’avait pas toutes les ressources d’aujourd’hui. Puis j’avais moins le temps en école d’ingé.
Ainsi le cuatro m’avait suivi déménagement après déménagement, mais je n’y avais plus vraiment pensé jusqu’au jour où l’affiche est apparue sur mon chemin.
J’ai mis à peu près un an à me décider à téléphoner! Il faut dire en ma défense que mes enfants étaient encore petits et que je me trouvais débordée entre un travail exigent en termes de charge, et des jumeaux (deux garçons!) de cinq ans à m’occuper.
Puis je ne sais pas pourquoi il y avait cette idée que des cours individuels étaient de toutes façons trop chers comme je disais au début.
En juin 2012 je suis donc passée à nouveau devant la vitrine l’immeuble où l’affiche était encore visible, puis j’ai téléphoné. C’était un prof de musique vénézuélien, l’affaire était bouclée, j’allais sortir mon cuatro vénézuélien du placard.
Mais, au fait… quel rapport avec le piano alors ?!
Je ne le savais pas encore à l’époque mais cette première étape allait me permettre de gagner en confiance, et le moment où j’allais enfin me décider à prendre un deuxième cours par semaine pour apprendre aussi le piano approchait enfin à grand pas.
En effet, mes enfants étaient tous les deux intéressés par le piano, mais aucun n’a voulu continuer après la première année. J’avais donc l’excuse parfaite pour m’y (re)mettre… on avait investi dans un piano numérique (un Roland F-100) blanc. Le plus compact de sa catégorie et qui tenait dans notre appartement de banlieue parisienne.
Je ne pouvais pas le laisser là, tout seul, à prendre la poussière sans être utilisé. J’avais lu quelques livres de Feng-shui, et ce n’était pas recommandé; un instrument qui n’est jamais joué c’est de l’énergie qui stagne… alors voilà, le tour était joué.
C’est donc ainsi qu’après deux ans passés à m’amuser avec un cuatro vénézuélien j’étais enfin prête à 40 ans à m’autoriser (enfin) à apprendre le piano :p… je n’avais plus vraiment de comptes à rendre à personne, seulement à moi même.
Alors j’ai pris la responsabilité de m’occuper de ce rêve qui était resté consigné au placard de la peur pendant toutes ces années.
C’est comme ça que j’ai repris là ou je m’étais arrêtée… je ne sais pas encore ou tout ça me mènera, mais ça rajoute un peu de mystère.
Et vous ? attendez-vous le jour idéal pour vous remettre au piano ou à un autre instrument quelconque? qu’est-ce qui vous bloque? qu’est-ce qui vous aiderait à vous décider ?