J’ai l’impression que la question de l’âge pour apprendre le piano et surtout l’age « limite » pour commencer le piano, m’a tracassée pendant une bonne partie de ma vie (surtout la première… oui, car j’en suis au moins à ma deuxième déjà ;p).
Je pense maintenant que c’est un préjugé qu’avec l’âge on apprend moins bien. Et j’ai beau y croire, je me vois toujours confrontée à ces préjugés très enracinés en moi, et je suppose aussi globalement dans notre société.
Reprenons les faits…
Que se passe-t-il avec l’âge?
Je pense effectivement qu’avec l’âge on se met plus de barrières, on a plus de responsabilités, plus de charge de travail, on a encore plus peur du ridicule (oh mon Dieu!), on a accumulé plus de pollution dans nos poumons, etc. Et du coup on dort franchement moins bien la nuit….
C’est plutôt tout ça que je pense être à la source de la croyance en question.
J’ai mis un peu de temps à arriver à me faire ma propre idée.
Maintenant, je ne me sens plus tout à fait obligée de me laisser diriger par la mentalité dominante. J’y vais pour moi, comme je peux avec ce que je suis, un point c’est tout.
Les insécurités sont toujours là, bien sur, mais je ne les laisse pas m’arrêter, et j’essaye de ne pas trop en parler aux gens qui se laissent guider par ces préjugés ;)…
Au cas où! Je préfère protéger mon assurance toute tendre encore, sait-on jamais!
Parfois, au contraire, ce sont des rencontres décisives qui nous font franchir le pas et nous poussent à prendre en main notre envie d’apprendre le piano, ou toute autre activité qui nous tient à coeur. C’est que je raconte dans l’article: Merci à ceux qui croient en notre capacité musicale (presque) malgré nous.
Apprendre, est-ce plus facile pour un petit que pour un grand?
Elèves démotivés = futurs adultes qui doutent de leur capacité
J’ai trouvé une première réponse qui sortait un peu du courant général :
« Oui! En grandissant, l’élève intériorise les doutes sur lui; saturé de ces pensées parasites – « Je ne vais pas y arriver »-, il s’enferme dans l’idée qu’il est nul, et ne rentre plus dans les apprentissages. S’il reprend confiance en lui, alors il ne doutera pas de son équipement cognitif. Et il acceptera d’être déstabilisé, un temps, avant d’éprouver du plaisir. »
Interview de Daniel Favre -l’auteur du livre « Cessons de démotiver les élèves »-, publiée dans le magazine Kaizen
Et dans cet autre article du même auteur on trouve aussi:
« En phase d’apprentissage, il convient donc de considérer l’erreur comme normale, inévitable, et d’accompagner l’élève pour l’aider à l’accepter d’abord et pour comprendre ensuite comment elle a été produite. Les contrôles, d’ailleurs trop nombreux en France, ne devraient être faits qu’après s’être assuré que les élèves maîtrisent bien les notions et savent faire les exercices, signes qu’ils ne sont plus dans la phase de déstabilisation cognitive et affective. »
-Daniel Favre
Ce qui voudrait dire qu’au bout d’un certain nombre d’années de scolarisation on a bien accumulé de plus en plus de doutes sur soi et de la peur de se montrer dans toute sa spontanéité.
L’emprise du mental chez l’adulte
Un autre point de vue que mon esprit semble prêt à considérer est venu d’une prof de violon. Selon elle, à partir de l’adolescence, on commence à aborder l’apprentissage de plus en plus avec le mental, on veut contrôler ce qu’on fait en fonction de ce qu’on a compris…
Hors, dans la musique il y a une part de laisser aller qui s’avère nécessaire pour passer d’une simple exercice de performance à un jeu d’interprétation auquel on prend plaisir.
Quelque part, une fois qu’on a intégré un notion, il faudrait pouvoir se laisser faire, se laisse traverser sans trop réfléchir.
En grandissant, après un certain niveau de développement cognitif du cerveau, on aurait donc de plus en plus de mal à accéder à ce lâcher prise, en dehors du mental, nécessaire pour progresser plus rapidement avec son instrument de musique .
Résultat: une pensée arrive et on perd ses moyens
Vous l’aurez peut être remarqué aussi, je trouve que c’est souvent les pensées parasites qui viennent me perturber lorsque je joue du piano, et qui me déstabilisent et me font faire toutes ces erreurs…
Que ce soit les peurs qui me perturbent émotionnellement, ou bien les question sur ce que je suis en train de jouer… et je rentre en phase périlleuse où je risque la dégringolade!
La méditation pour se détacher des pensées qui nous bloquent
Du coup, en dehors du piano je tente parfois la méditation pour m’entrainer dans l’art d’observer les pensées et les laisser passer sans me laisser emporter ailleurs. J’aime bien la métaphore suivante que j’ai entendu un jour avant une méditation guidée:
« On regarde le taxi (les pensées) passer, mais on ne monte pas dedans »
Peut être que c’est transposable ensuite lorsqu’on on est au piano!
En cas de doute, gagnez du temps en attendant
Un de mes fils lorsqu’il avait 12 ans avait envie de commencer le violon, mais il craignait déjà qu’il ne soit trop tard pour lui car certains de ses camarades au collège ont commencé le conservatoire à l’âge de 5 ou 6 ans…
« Mais tu n’as que 12 ans!! », lui ai-je répondu l’air effarée.
Pour ceux qui viennent me dire, mais moi j’ai déjà 30 ans, ou 40, ou 50… pfff… je dis: c’est toujours la même excuse pour ne pas regarder la peur dans les yeux et l’apprivoiser.
Je dirais juste que si vous commencez maintenant pendant que vous hésitez à cause de la peur (comme beaucoup d’entre nous), dans 10 ans vous aurez déjà passé tout ce temps à apprendre et vous ne serez plus un débutant :p
Des étudiants de musique et de piano de tous âges
Moi j’ai eu des camarades de classes en école de musique de tous âges… parmi ceux qui ont donné leur âge, les ainés étaient une belle femme de 70 ans -qui ne faisait vraiment pas son âge- qui venait pour apprendre le piano car elle était déterminée à se faire plaisir en jouant dans un groupe.
Et puis aussi un homme de 74 ans qui jouait de la clarinette dans un orchestre classique et qui apprenait le jazz car il voulait se faire plaisir aussi en jouant dans les ateliers jazz. Au sujet du Jazz voir aussi l’article 3 raisons pour choisir le Piano Jazz.
Il avait une belle philosophie d’ailleurs, ce monsieur, il me disait de ne pas m’en faire si je n’arrivais pas à tout jouer. « Je ne joue pas toutes les notes », m’a-t-il confié. « J’en fais moins mais j’essaye de faire en sorte de les placer au bon moment ».
Je me dis que si je persévère encore, quand j’approcherai leur âge j’aurai déjà une sacrée expérience de plusieurs décennies dans le monde de la musique… c’est plutôt tentant, non? :p
Si vous doutez et craignez encore qu’il ne soit trop tard, regardez la courte vidéo ci-contre, du pianiste virtuose (Lang Lang) qui commence par un premier point très important: « L’âge idéal pour débuter le piano se situe entre 2 et 100 ans ».
Ma première tentative d’apprentissage du piano
Voici l’histoire de ma première tentative pianistique. Même si ces histoires d’âge ne m’on pas arrêtée la première fois, ni les suivantes d’ailleurs, c’est un autre préjugé tout aussi répandu qui a mieux réussi là ou le premier a presque échoué!
L’influence de l’entourage
C’est autour de l’âge de 15 ans en rendant visite à une de mes camarades de classe j’ai appris qu’elle avait un orgue. Elle prenait des cours une fois par semaine, il fallait qu’elle s’entraine tous les jours.
Pour ma part je n’avais pas vraiment d’activité extra-scolaire. Dans mon entourage immédiat, personne n’avait vraiment d’activités « loisir ».
Je me rendais utile en aidant à tour de rôle dans les différentes matières un bon nombre de mes camarades de classe qui m’en faisaient la demande régulièrement.
J’ai appris ce jour-là qu’elles étaient deux dans notre classe, en plus de la soeur de la deuxième, à se rendre à la même école de musique.
Sans y penser, ou presque, je lui posais ce jour-là des questions d’ordre pratique comme si mon choix était déjà tout fait:
Moi ce n’était pas l’orgue mais le piano qui m’intéressait ! Si mes camarades pouvaient apprendre l’orgue pourquoi ne pouvais-je pas apprendre le piano? nous avions le même âge après tout!
L’envie d’apprendre le piano malgré les préjugés sur l’âge
J’avais grandi dans la croyance générale et péremptoire que le piano devait se commencer en étant enfant, très jeune, avant 7 ans de préférence. Après c’était trop tard, c’était plus la peine.
Je n’avais pas eu cette chance toute petite, mais à 15 ans j’étais prête, en secret, à transgresser la limite que cette croyance.
Je comptais aller voir le fameux centre Yamaha et si possible m’y inscrire. Quoiqu’il me restait encore quelques détails pratiques à régler et non des moindres: trouver l’argent pour les cours, un piano pour m’entrainer -car avoir un piano à moi/chez moi n’était pas une option accessible au portefeuille de mon père, ni au mien cela va sans dire!
Donc à 15 ans, défier cette croyance c ‘était déjà « tard » pour apprendre le piano était plutôt vu comme une aventure pour l’ado que j’étais. Plus rien ne m’arrêtait, j’allais trouver une solution pour l’argent et pour m’entrainer.
J’ai foncé dans le tas, j’étais portée par mon élan…
Un obstacle plus grand encore (un autre préjugé)
Est-ce que cela a marché ? Et bien… non, du moins pas cette-fois là.
Je n’avais pas compté à l’époque avec un obstacle véritablement plus grand et qui m’a fait mettre le piano de côté pendant pendant plus de 2 décennies!
Cet obstacle qui a réussi a affaiblir mon courage : La croyance qu’il faut avoir du «talent » – et que seulement certains ont ce talent « inné »- pour faire du piano -ou n’importe quel autre activité d’ailleurs, c’est un peu blasant, ne trouvez-vous pas?
C’était malheureusement un préjugé qui réactivait des doutes et des peurs ancrés au plus profond de moi. J’en parle plus en détail dans l’article: faut-il avoir du talent our apprendre le piano?
A votre tour…
Et vous qui lisez ceci…
Vous en pensez quoi, vous? Vous sentez-vous limité par votre âge pour apprendre le piano ou quelque chose d’autre que vous avez toujours voulu apprendre? De quoi s’agit-il? Pourquoi pensez-vous qu’il est trop tard?
Ou alors au contraire, avez-vous réussi à vous lancer dans l’apprentissage d’un instrument malgré les préjugés de votre entourage sur le fait que vous étiez trop âge pour ça? et comment vous êtes-vous senti? comment vous sentez-vous maintenant?
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Bon lâcher prise! Et Portez-vous bien!